La Tech pour le meilleur et pour le pire: recherche raison d’être désespérément

Jan 27, 2019 | Tribune des experts, Tribune Marc Jacouton

La Tech pour le meilleur et pour le pire: recherche raison d’être désespérément

Alors que l’événement annuel CES qui réunit les plus grands fabricants d’électronique et vendeurs de technologies du monde entier vient de s’achever, il est urgent de s’interroger sur la raison d’être des technologies afin d’en tirer les effets bénéfiques pour les entreprises et la société dans son ensemble.

Il suffit de se perdre, une fois, dans les immenses allées du Consumer Electronics Show (CES) qui s’est tenu à Las Vegas du 8 au 11 janvier 2019 dernier pour comprendre à quel point ce rendez-vous annuel est un événement hors du commun. 4500 exposants dont 400 start’up françaises, près de 400 000 m2 de surface dédiés à l’innovation, soit 60 terrains de football, 180 000 visiteurs qui, chaque année, se retrouvent en plein désert du Nevada pour découvrir les applications high-tech de demain. Surprises, déceptions, rencontres, révélations : durant quatre jours, les plus grands noms de l’industrie électronique font leur show (Google, Apple, Samsung, LG…) et rappellent à quel point les nouvelles technologies sont en train de dominer le monde et de modifier le comportement des hommes… Pour le meilleur et pour le pire.

 » Pour que la tech œuvre à la construction d’un monde meilleur, encore faut-il trouver la raison d’être de ces innovations qui nous font basculer, instantanément et brutalement du présent vers le futur. « 

Nos cerveaux en pilote automatique

Parmi les grandes tendances que j’ai pu observer sur ce salon, la commande vocale est l’une des technologies qui s’immiscent partout dans nos usages. On l’a vu arriver en France à Noël dernier : Alexa, Google Home ont commencé à prendre leur place au pied du sapin. Aux Etats-Unis, depuis longtemps, les assistants vocaux sont bien plus que des jouets. Les grands retailers (Amazon, Apple, Google…) et moteurs de recherche ont compris que, par ce biais, ils pouvaient récupérer de la data et pénétrer dans le quotidien des consommateurs. Alexa, quel temps fait-il ? Quelle chemise dois-je porter pour ma réunion cet après-midi ? Rappelle-moi le nom de ce film dont ma sœur m’a parlé hier… Plus qu’un outil, la commande vocale tend à nous mettre sous assistance. Se pose, alors, la question du libre-arbitre.

« Aujourd’hui la voix est en train de supplanter nos doigts. »

Le réfrigérateur qui commande automatiquement les produits en rupture, la voiture autonome connectée, les interrupteurs intelligents de chez Legrand qui répondent à la voix : la domotique et les objets connectés nous facilitent la vie. Toutefois, s’ils répondent si aisément à notre nature quelque peu fainéante, ils introduisent, aussi, une notion de téléguidage de l’individu et de perte d’autonomie. A force de penser pour nous, les objets intelligents risquent de nous priver de l’effort de réflexion. Restons vigilants à ne pas perdre notre conscience, face aux technologies.

Les progrès de la santé passeront par la data

Car celle-ci, dès lors qu’elle a du sens, est aussi synonyme de progrès. L’intelligence artificielle et le big data appliqués au domaine médical, notamment, ouvrent une nouvelle ère à la médecine. Les Health Tech pourront ainsi faire baisser le coût de la santé en ouvrant l’accès aux données personnelles, telles que le séquençage ADN, par exemple. Aujourd’hui, grâce à ces technologies, on peut connaître son génome pour moins de 1000 dollars et anticiper de plusieurs années, de cette façon, les risques de pathologies d’un individu. Il est ainsi possible de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer huit ans avant qu’elle ne soit déclarée et enclencher plus tôt un protocole médical pour retarder son évolution.

 » Le passage d’une médecine curative à une médecine prédictive 2.0 sera la prochaine révolution e-santé. « 

Pour la première fois depuis l’histoire de la science, les médecins ne seront plus les experts ou les sachants, laissant aux algorithmes, plus performants, la reconnaissance de l’imagerie médicale ou la réalisation des diagnostics 2.0. Après la démocratisation de l’information et de la connaissance grâce au web, l’intelligence artificielle démocratise, à son tour, les experts. Mais là encore, la technologie ne saurait se passer de l’homme. Notamment, pour rationnaliser l’utilisation de toutes ces data. Les dérives d’un monde où n’importe qui – entreprises, assureurs, commerciaux – pourrait avoir accès aux informations personnelles inquiètent, à juste titre. Sur ce terrain, la France n’a pas à rougir puisqu’elle est la nation la plus avancée en matière de protection des données et d’éthique. La récente amende de 50 millions d’euros infligée à Google pour non respect du RGPD en est l’illustration.

Tech for good

Encore une fois, l’utilisation éclairée de ces technologies ouvre aussi la voie au progrès au service de l’homme, de la planète et de l’économie. Dans ce sens, l’autre sujet phare du CES 2019, la blockchain est l’incarnation de la Tech for good. Appliquées à la crypto-monnaie, au domaine de l’assurance, de la banque, du retail ou même de l’agro-alimentaire, cette technologie de stockage et de transmission sécurisée de l’information remet en cause le tiers de confiance. Conscient que désormais les consommateurs font davantage confiance à leur communauté qu’au discours des entreprises, Walmart a inscrit dans une logique de traçabilité l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement. Plus que jamais, la transparence est un sujet majeur, dans le retail en 2019.

« Avec la blockchain, l’Internet de la valeur succède à l’Internet de la connaissance. »

Enfin, il est à noter tous ces outils qui automatisent les processus (la robotisation, les drones, les algorithmes…), facilitent et accélèrent les communications (la 5G) ou encore améliorent un peu plus la qualité de l’image (8K). Ces innovations profitent aux secteurs BtoB/ BtoC en lui apportant innovation, productivité et réduction des coûts. Pour sa première participation au CES, le e-commerçant chinois JD.com a marqué les esprits par ses procédés technologiques très avancés. L’entreprise possède, en effet, des entrepôts entièrement automatisés et utilise déjà régulièrement des drones pour livrer des médicaments dans des régions isolées de Chine.

Mises au service de l’Homme pour en augmenter les capacités, tel un exosquelette digital 3.0, les technologies ont la capacité d’améliorer notre environnement, nos organisations et nos vies en général. Mais c’est à nos sociétés de leur donner du sens afin d’en tirer le meilleur d’elles-mêmes.

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